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Quelle est la place des femmes dans l’économie numérique africaine ?

Femmes africaines leaders dans l’économie numérique, innovant dans la fintech, l’agritech et la blockchain

Femmes africaines

L’économie numérique africaine est en pleine effervescence, et les femmes en sont des actrices de plus en plus cruciales. Longtemps confrontées à des obstacles systémiques, elles se positionnent désormais comme une force motrice de l’innovation et de la croissance sur le continent. De l’entrepreneuriat à la finance digitale, leur impact est mesurable et leurs histoires inspirantes.

UN ÉCART NUMÉRIQUE PERSISTANT, MAIS QUI SE RÉDUIT

Malgré des progrès notables, la fracture numérique entre les genres demeure une réalité en Afrique. Selon les données de l’UNESCO, seules 40 à 44 femmes pour 100 hommes possèdent des compétences avancées en informatique. Cette disparité se reflète dans l’écosystème des startups : le rapport « Diversity dividend » de Disrupt Africa et Madica (2024) révèle que seulement 17,3 % des startups africaines sont cofondées par des femmes, et que cette proportion tombe à 11,1 % pour les entreprises dirigées par une femme seule.

Néanmoins, la tendance est à la hausse. En 2023, la part des financements levés par des startups cofondées par des femmes a atteint 16,6 %, contre 9,3 % l’année précédente. Ces chiffres, bien que modestes, témoignent d’une dynamique positive et d’une reconnaissance croissante du potentiel des femmes entrepreneures.

DÉFIS ET OPPORTUNITÉS : AU-DELÀ DE LA CONNEXION

La participation des femmes est freinée par plusieurs défis majeurs :

  • Accès au financement : L’accès au capital reste la principale barrière. Un rapport de Bpifrance indique que 70 % des entrepreneures africaines considèrent le manque de fonds comme leur obstacle numéro un.
  • Barrières systémiques : Des normes sociales limitantes, un manque de mentorat et l’absence de documents d’identité officiels pour de nombreuses femmes les excluent du système bancaire classique, un point souligné par la Fondation Gates.
  • Infrastructure et formation : Le coût élevé des données et des équipements, ainsi que le manque de formation en compétences numériques, empêchent une inclusion massive.

Cependant, ces défis sont aussi le terreau de solutions innovantes. La Banque africaine de développement (BAD) a lancé l’initiative AFAWA (Affirmative Finance Action for Women in Africa), qui a pour objectif de mobiliser 5 milliards de dollars de financements pour les entreprises dirigées par des femmes. De plus, la plateforme panafricaine « 50 Million African Women Speak » connecte les entrepreneures de 38 pays, offrant une mine de ressources et un réseau de soutien.

ELLES FONT LA DIFFÉRENCE : DES EXEMPLES INSPIRANTS

L’impact des femmes dans le secteur numérique ne se limite pas aux statistiques ; il s’incarne dans des réussites concrètes :

  • Nelly Chatue Diop (Cameroun) : Fondatrice d’Ejara, une plateforme qui démocratise l’accès aux services financiers et à l’épargne en utilisant la blockchain. Avec plus de 150 000 utilisateurs, elle a levé 10 millions de dollars.
  • Miishe Addy (Ghana) : À la tête de Jetstream, elle utilise l’IA pour optimiser les chaînes d’approvisionnement transfrontalières, réduisant les lourdeurs administratives et les coûts pour les entreprises africaines.
  • Judy Njogu-Mokaya (Kenya) : Sa startup, VunaPay, a aidé plus de 15 000 petits agriculteurs à recevoir leurs paiements instantanément, assurant la sécurité financière des communautés rurales.

Ces femmes, et bien d’autres, ne se contentent pas de bâtir des entreprises florissantes ; elles créent des technologies qui répondent à des problèmes sociaux et économiques concrets.

UN IMPACT ÉCONOMIQUE MAJEUR ET UN AVENIR PROMETTEUR

L’inclusion des femmes dans l’économie numérique n’est pas qu’une question d’équité, c’est une nécessité économique. La Banque mondiale et la Fondation Mastercard estiment que combler le fossé numérique entre les genres pourrait ajouter 287 milliards de dollars au PIB de l’Afrique d’ici 2030. Cet investissement générerait également de nouveaux revenus pour le secteur des télécommunications, ainsi qu’une innovation accrue dans tous les secteurs.

Alors que l’Afrique continue de s’imposer comme un hub technologique mondial, l’avenir du continent sera largement façonné par la place que prendront ses femmes dans l’économie numérique. Leur potentiel, une fois libéré, pourrait bien être l’un des plus puissants catalyseurs de développement pour les années à venir.

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