CE N’EST PAS VOUS, C’EST LE SYSTÈME : LE VÉRITABLE OBSTACLE AU FINANCEMENT DES ENTREPRENEURES AFRICAINES
Les femmes africaines innovent, créent, transforment l’économie, mais peinent encore à convaincre les financeurs. Pourquoi ? Parce que le problème n’est pas leur ambition, c’est le système.

femmes entrepreneurs
UNE ÉVIDENCE QUI GÊNE
En Afrique comme ailleurs, les femmes entrepreneures ne manquent ni d’idées, ni de talent, ni de résilience. Pourtant, elles se heurtent systématiquement à un mur lorsqu’il s’agit d’accéder aux financements. Ce mur, ce n’est pas leur manque de préparation ou d’ambition. Ce mur, c’est un système économique profondément biaisé, hérité d’un modèle patriarcal globalisé, où les règles du jeu ont été écrites sans elles.
QUI SONT CES FEMMES QUE LE SYSTÈME IGNORE ?
Ce sont des femmes comme Odunayo Eweniyi (Nigeria), cofondatrice de PiggyVest, qui révolutionne l’épargne digitale.
Des femmes comme Rebecca Enonchong (Cameroun), figure de proue du numérique.
Des milliers d’autres, souvent invisibles, qui créent des entreprises dans l’agriculture, la santé, la tech, l’éducation.
Elles représentent plus de 58 % de l’économie informelle en Afrique subsaharienne. Elles dirigent plus de 1 entreprise sur 4. Et pourtant, elles reçoivent moins de 3 % du financement disponible.
UN ACCÈS INÉGAL AU CAPITAL
Selon la Banque Africaine de Développement, les entrepreneures africaines font face à un déficit de financement estimé à 42 milliards de dollars. Ce déficit n’est pas dû à leur incompétence, mais à :
- des biais inconscients des investisseurs,
- des conditions de prêt plus strictes,
- une absence de garanties ou de réseaux d’influence,
- une surreprésentation dans des secteurs considérés comme « non stratégiques » (alimentation, artisanat, etc.),
- un manque d’accès à l’information ou à des outils numériques.
Les femmes sont souvent sous-évaluées, sur-questionnées, et rarement prises au sérieux. Là où un homme recevra un « Comment allez-vous scaler ? », une femme recevra un « Et si vous échouez ? ».
UNE ÉCONOMIE QUI S’AUTO-SABOTE
Sous-financer les femmes, c’est saboter la croissance économique africaine. Des études montrent que :
- les entreprises dirigées par des femmes ont un meilleur retour sur investissement,
- elles réinvestissent jusqu’à 90 % de leurs revenus dans l’éducation, la santé et la communauté,
- elles créent des emplois plus inclusifs.
Financer les femmes, ce n’est pas une faveur : c’est une stratégie intelligente pour le développement durable de l’Afrique.
CHANGER DE RÈGLES, PAS DE FEMMES
Arrêtons de demander aux femmes de s’adapter à un système qui les exclut.
Changeons le système.
Créons des fonds dirigés par des femmes.
Déployons des instruments de financement inclusifs.
Valorisons les projets en dehors des standards eurocentrés.
Et surtout, arrêtons de faire porter aux femmes le poids de leur propre exclusion.
Ce n’est pas elles qu’il faut changer.
C’est le système.